Être auteur et éditeur indépendant est une expérience très immersive du monde de l’édition du livre et demande un esprit entrepreneurial très motivé.

Au-delà de la passion, il y a tous ces méandres à évaluer et à contourner pour qu’une publication devienne un succès.

Loin de mon esprit de vous vendre l’idée de vous lancer tête première dans cette aventure, car c’est effectivement cela, une aventure, et de faire miroiter un succès assuré.

Tout a débuté lors de l’écriture et de la publication de Lettres à Marilune au début de l’année 2022. Étant plus que néophyte dans le domaine, je faisais face à un inconnu complet, un sombre trou noir.

Grâce aux services et conseils de BouquinBec, le projet Lettres à Marilune a finalement abouti.

Premier conseil très personnel, allez chercher un numéro d’entreprise individuelle au registraire des entreprises du Québec (NEQ). Ce n’est pas gratuit certes mais ne coûte que 34$ annuellement.

Mon numéro d’entreprise est enregistré sous mon nom avec, comme autres noms utilisés, Les Éditions Papilune et Les chroniques de Papilune

Savez-vous que tous vos frais sont déductibles d’impôts ? 

Cela aide à amortir les pertes comme pour Lettres à Marilune, un projet très personnel, dont je n’avais aucun espoir de le rentabiliser.

Avec l’aide de BouquinBec, les Éditions Papilune a fait son entrée à la BaNQ (Bibliothèque nationale et archives nationales) car, pour publier un ouvrage de façon sérieuse, il faut être en mesure de gérer ses numéros ISBN si essentiels à l’existence d’un ouvrage ainsi qu’à l’espace éditeur de la BTLF (Société de gestion de la banque de titres de langue française) pour que le livre soit disponible aux librairies et bibliothèques.

Il est important de suivre la formation sur l’espace éditeur de la BTLF pour être en mesure de gérer nous mèmes les données sur nos livres.

Une fois cette structure en place, vous pouvez affirmer que vous être un auteur et éditeur indépendant.

Mamie Bigoudi – Tome 1

Dans un premier temps, quel est votre budget ? Vous êtes en autoédition ne l’oubliez pas.

Dans tout ouvrage il y’a des coûts reliés à la révision, la création, l’impression et la promotion de l’œuvre.

Une fois l’écriture complétée et satisfaisante à vos yeux, il faut le faire scruter par une relectrice (ou relecteur) professionnelle pour s’assurer que le texte soit parfait.

Vous avez certes une très belle main d’écriture et un français plus que respectable mais êtes vous certain de maîtriser ces petits détails comme où mettre des simple guillemets, des double guillemets, les virgules, les citations, les exclamations, etc… ?

Dans la situation d’un livre jeunesse destiné aux jeunes enfants, Mamie Bigoudi – Tome 1, par exemple, qui contient un peu plus de 5,000 mots, est beaucoup moins onéreux que Lettres à Marilune qui en compte plus de 32,000 mots.

Parallèlement durant le processus, il faut générer ces fameux numéros ISBNs qui seront essentiels pour la production du livre. La ressource qui fera la mise ne page en aura absolument besoin. Comme j’aime bien ratisser large j’opte pour trois versions du produit final, donc trois numéros ISBN. Un pour la version imprimée, un pour la version e-pub et le dernier pour la version PDF.

De plus, il faut annoncer à la BTLF que l’ouvrage sortira d’ici quelques mois. Comme Mamie Bigoudi sera une série, il fallait créer une série en ce sens et y attacher les trois formats même si les informations demeurent encore embryonnaires. Tout est en place alors pour le Tome 2, Tome 3, etc…

En littérature jeunesse, le texte a beau être le plus beau du monde, sans images il n’a aucun intérêt pour ce jeune auditoire.

Petit casse-tête ici pour quelqu’un, comme moi, qui vise à publier son premier livre jeunesse.

Combien d’images aurais-je besoin ? À ce stade, aucun personnage n’a été créé, ni même imaginé, sauf pour les traits de caractères.

Compter près de la moitié de votre budget global au volet des illustrations. Il faut alors trouver l’illustratrice (ou illustrateur) qui donnera une vie, voire une âme à tous vos personnages.

Ce choix est crucial car la qualité des illustrations est non négociable, dîtes-le vous bien, est non négociable. Les images doivent se marier avec vos textes pour ne faire qu’un.

Première illustratrice. Ce n’est pas ça! Pleine de bonne volonté et de talent, elle n’a pas su s’approprier adéquatement l’idée et l’âme de Mamie Bigoudi. Au dela de la qualité de l’image il y a l’émotion qui doit être véhiculée.

Illustration de Isabelle Demers
Isabelle Demers, illustratrice professionnelle

Puis, je relance l’offre de service et, Isabelle Demers, non retenue lors du premier appel d’offre m’écrit en privé. Je regarde son portfolio, c’est exactement ce style qui me trottait dans la tête.

Elle me propose un devis qui respecte mon budget. Go!

Lors de notre première entrevue via Zoom, nous apprenons à mieux nous connaître. Elle-même, mère de deux jeunes enfants, adore le concept et saisi très bien toute l’ambiance et l’âme de Mamie Bigoudi. Elle plonge tête première dans le projet et se l’approprie comme si c’était le sien avec cœur et sensibilité.

Donc, le processus de création des illustrations s’est alors amorcé et, au fil des semaines et des mois (oui, ne vous attendez pas à ce que ce soit réalisé en une semaine, la qualité doit suivre son fil) notre relation, je dois dire, s’est transformé de client / fournisseur à une collaboration bien tissé, une belle équipe, voire complices. Mamie Bigoudi a, pour ainsi dire, deux créateurs en symbiose pour lui donner vie.

Isabelle, en plus d’être une illustratrice professionnelle, a d’autres cordes à son arc. Elle maîtrise très bien le monde de l’édition et a donc procédé à la mise en page pour impression en plus des versions e-pub et PDF en respectant les ISBNs respectifs.

Bon enfin, le livre est créé. Quel est l’étape suivante ? L’imprimer.

Illustration de Isabelle Demers

L’impression représente environ 45% du budget total dans ce projet. Plus on imprime d’exemplaires, plus le coût de chaque livre baisse. C’est logique. Imprimé un 40 pages tout en couleur sur du papier satin, n’est pas donné.

Comme mon objectif est définitivement que ce projet soit rentable, il faut prendre les moyens nécessaires.

Deux cents copies au total. Cent qui seront en vente sur la boutique en ligne de BouquinBec et cent que j’aurai en ma possession.

De ces cent exemplaires, je dois en poster deux à la BAnQ pour les archives nationales, quelques exemplaires à l’illustratrice, une pour ma petite fille bien entendu, une pour mon épouse, un au CPE de ma petite fille en guise de reconnaissance pour leur travail et quelques autres à envoyer à des critiques de livres pour enfants et autres personnalités influentes. Le but est de se faire connaître.

Le reste ? Disponible pour des salons du livre, des séances de dédicaces en librairies et la vente directe.

Commande passée chez BouquinBec. Presque une semaine plus-tard je vais récupérer la copie d’approbation. Magnifique est le seul mot qui me vient en tête et leur donne mon aval pour l’impression de la totalité des exemplaires.

En attendant, je me tourne vers Amazon et créer la version Kindle ainsi que la version imprimée (style magazine). La version Kindle est excellente alors que leur version imprimée est plus qu’acceptable, voire surprenante mais n’égale en aucun point la qualité qu’offre  BouqinBec. Comme le produit imprimé sera un sous-produit de BouquinBec, le prix sera adapté en conséquence.

Je fais aussi quelques tests pour mousser les ventes sur Amazon. Je suis, à l’écriture de ces lignes, dans le mode essais et erreurs.

Il est prioritaire d’avoir une site internet dédié et une page Facebook qui est dissociée de son profil personnel. Il en va de même pour Instagram. Ne jamais sous influencer l’impact sur les ventes de ces outils.

J’ai publié, à coût modique, deux pré-promotion pour Mamie Bigoudi pour tâter le pouls. C’est très encourageant. L’intérêt y est, semble-t ’il.

Oui, dans votre budget global, il faut tenir compte de ces frais. Sans promotions, vos livres resterons sur les tablettes.

Je suis fin prêt pour le lancement officiel qui devrait avoir lieu au troisième tier du mois d’octobre. Vidéo de promotion, budget publicitaire plus agressif, salon du livre en novembre et tous les moyens pour être connus.

Puis, à la mi-novembre, un autre blitz de ventes est prévu. Pourquoi ? Noël ! Lancer l’idée d’offrir l’ouvrage aux enfants pour cette fête incontournable

Ne pas sous-estimer le réseautage car les auteurs.es ont une belle mentalité de camaraderie et d’entraide.

La suite est un coup de dé mais je crois avoir mis tout en place pour atteindre mon objectif de rentabilité.

Longue vie à Mamie Bigoudi ,